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La clef des champs • ft Aya Tsume

@ Aliosha Kotov

Aliosha Kotov
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Sam 19 Aoû 2023 - 16:44


LA CLEF DES CHAMPS
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1 • FT AYA TSUME

Deux rideaux, rouges et lourds, et une fenêtre brisée. Dehors, un morceau de ciel, deux arbres et deux buissons, une étendue d’herbe et un fragment de mer qui se fond, dans l’horizon, dans le bleu, avec l’azur qui surplombe tout ça. Il n’y a que le bois de l’encadrement au-dessus de lui, et un peu de verre éclaté sur le parquet. Du verre laissant encore entrevoir les mêmes arbres, les mêmes buissons, et le même ciel. Je relève le nez vers le plafond. C’est que j’entends le pas lourd d’un type au-dessus de moi, et j’attends de voir si ses semelles vont traverser le vide sanitaire qui nous sépare. C’est un peu comme attendre un lever de soleil, un appel de l’ex dont on est encore amoureux, une révélation à la Bouddha. C’est comme attendre un signe de Dieu, si seulement Dieu se trouvait être un étudiant japonais à peine pubère apprenant quelques pas de salsa dans une chambre de douze mètres carrés environ. C’est un peu comme attendre que quelqu’un débarque pour nous livrer quelques grammes d’herbe dans un sachet transparent, et c’est d’ailleurs exactement ce que j’attends, avec un peu plus d’impatience que n’importe quoi d’autre.

J’en reviens à cette peinture au-dessus des lumières bleutées de mon ordinateur. Une reproduction grossière sur du papier grossier, une impression rapide dans un coin de la bibliothèque, punaisée parmi d’autres impressions, plus qualitatives, chinées à droite et à gauche. Chez des indépendants, dans des boutiques de musée, patchwork d’œuvres d’art. Des plantes d’intérieures, toutes suspendues dans des kokodamas, quelques livres abîmés un peu partout, un lit encore défait de la veille et de la veille avant elle, et des canettes de bières et de soda ameutées près de l’écran. Mon univers minuscule se reflète lui-aussi dans la seule fenêtre de ma chambre, et je me demande à quoi ressemblerait tous ces éclats de verre si je balançais mon poing dedans, combien même je connais parfaitement la réponse. Ça ne ressemblerait pas à du Magritte. Ça ressemblerait seulement à l’art et au chaos que je porte en moi. A toutes ces couleurs qui grouillent sous mes rétines. Avec le safran des pas du voisin au-dessus, et l’indigo du bout de mes doigts frappant le clavier.

Demain devient aujourd’hui, et je me balance sur ma chaise. Je fixe cette fenêtre brisée en face de moi en sachant que ce n’est pas une fenêtre brisée. Elle n’a rien d’une fenêtre brisée. Elle est cette distance qui existe et persiste entre l’Homme et sa réalité, un autre vide sanitaire infranchissable. Elle est cette pièce qu’on lance et qui retombe sur le dos de notre main, en essayant de deviner s’il s’agit bien de la réalité ou d’une simple illusion, et c’est sans doute encore la même chose. Je baille. La bouche grande ouverte comme pour gober le monde, dans un souffle chaud et vaseux. Et c’est le moment où elle se décide enfin à toquer quelques petits coup contre ma porte. Aya. Et je lève mon cul de ma chaise, moi-même surpris par ma propre dégaine alliant un haori trop grand avec un survêtement Adidas acheté en solde à Moscou. C’est peut-être porteur de sens, mais j’aurai pu faire mieux. Tant pis. La main sur la poignée, j’ouvre déjà la porte en grand afin qu’elle puisse se faufiler dans ce clapier rapidement, et refermer toute preuve de son intrusion derrière elle.

« Désolé de t’avoir fait venir ici, que je lui dis, c’était un peu court, le temps, aujourd’hui. Mais, bienvenue, fais comme chez toi. Il y a des bières dans le truc froid, là, si tu veux, et des alcools plus fort dans un des placard. »

Bordel, impossible de trouver le mot japonais pour "glacière" dans ma caboche, et tant pis. Je relis mes deux dernières lignes, rapidement, et j’enregistre ce foutu fichier de texte juste au cas où. Je me pose sur le bureau, les pieds sur la chaise que j’occupais quelques secondes plus tôt, et tire une cigarette d’un paquet à moitié vide avant de lui envoyer, avec un mouvement de tête lui indiquant qu’elle peut se servir si elle veut. Et c’est peut-être là la trace d’un vieil héritage de mes parents, et de leurs propres parents avant eux, et ainsi sur plusieurs générations peut-être. Un vieil héritage de chez moi. Un adage disant que ce qui est à moi est à elle aussi, et peut-être aussi un peu à tout le monde. Surtout ce qui est interdit, en tout cas tant que personne ne l’ouvre. Que personne ne vienne me rappeler que la consommation et la détention d’alcool est interdite dans les dortoirs, et de même pour les clopes. Je lui offre un sourire en allumant la mienne, de cigarette, et en comprenant seulement à l’instant que je n’avais vu personne tout du long de cette journée, jusqu’à temps qu’elle se pointe. J’expire un nuage grisâtre qui s’en va s’écraser contre le plafond, comme les pas de l’autre au-dessus de nous deux. Et je me dis que les Hommes sont définitivement des animaux sociaux, d’une manière ou d’une autre.


inspired by "La clef des champs", R. Magritte, 1939
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@ Aya Tsume

Aya Tsume
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Mar 22 Aoû 2023 - 0:27
フィールドのキーFeat. Aliosha Kotov
Un peu pompette et sa clope au bout des lèvres, Aya marchait dans les rues à moitié endormies de Mayaku. Ces derniers jours, les clients du Kyabakura étaient nombreux à lui payer des verres, ce qui ne lui déplaisait absolument pas. C’était un monde un peu étrange, mais elle s’y était habituée. L’argent était facile à gagner et mine de rien, ça lui arrivait de tomber sur des hommes plutôt cultivés. Le son de sa musique retentissait à fond dans ses oreilles, pour camoufler le plus possible le bruit aux alentours. La demoiselle était habituée au coin depuis le temps, mais elle n’aimait pas forcément se balader, tard le soir, dans sa tenue de travail. C’était le plus souvent de jolies robes de soirées, courtes et moulantes, accompagnées de bijoux luxueux et de talons. Ce soir-là, elle avait fait le choix de porter une robe noire –pour ne pas changer ses bonnes habitudes– dénudée dans le dos, avec un ras de cou argenté, des bagues sur la quasi-totalité de ses doigts et sa paire de talons aiguilles préférée. Normalement après son shift, elle prend toujours le temps de se changer avec des vêtements plus décontractés pour rentrer du travail, premièrement pour ne pas risquer de perdre ou d'abîmer une tenue, elle ne sait absolument pas se permettre de payer une telle somme juste pour des fringues, mais surtout pour ne pas attirer le regard dans les rues. Heureusement, elle quitta assez vite ce coin un peu miteux pour rejoindre le quartier universitaire de la ville. Aya avait rendez-vous pour vendre un peu d’herbe. Normalement, elle préférait faire venir ses clients dans le quartier Est pour ne pas se balader avec trop de drogues et être sûr d’être plus ou moins en sécurité, mais pour de la weed elle était déjà un peu plus à l’aise. Ce n’était pas la première fois que la blondinette mettait les pieds dans les couloirs de l’université pour y faire quelques transactions rapides, mais c’était bien la première fois qu’elle allait mettre les pieds dans les dortoirs. Ses talons claquaient contre le carrelage du long couloir des chambres où toutes les portes se ressemblaient et les quelques décos que certains avaient prit le temps de disposer donnait l'impression qu'ils avaient essayé d’y apporter un certain charme pour que cela ressemble moins à un couloir d'hôpital. Aya déambulait d’un pas rapide pour ne pas se faire attraper par un autre étudiant, à la recherche de la chambre de son ami. Elle avait regardé plusieurs fois le message où était noté son numéro de chambre pour se rassurer de ne pas se tromper. Une fois devant la porte, elle toqua légèrement pour ne pas faire trop de bruit et n’aura même pas le temps de soupirer qu’il lui ouvrit la porte pour s’y faufiler à l’intérieur.

Son premier réflexe était d’enlever ses chaussures et de les ranger près de la porte. Puis son regard examina chaque coin et recoin de la pièce. Elle adorait découvrir la chambre des autres, cette pièce intime qui nous reflète au plus profond de nous. Ce n’était pas très grand, juste assez pour étudier, dormir et se bourrer la gueule. Autant continuer sur ma lancée, j’ai bien envie de goûter ta meilleure bouteille. Un sourire s’était dessiné sur le coin de ses lèvres. Aya attrapa le paquet qu’il venait de lui lancer un peu maladroitement, montrant que ses réflexes avaient diminué avec l'alcool déjà ingéré dans la soirée et elle se posa sur le lit pour allumer sa clope. La demoiselle tira quelques fois dessus avant de fouiller dans son sac à main et de sortir un paxon rempli de weed qu’elle déposa à côté d’elle et d’un étui où un joint y était soigneusement rangé.

C’est une nouvelle variété que j’ai reçue récemment, je ne l’ai pas encore testé, tu vas la goûter avec moi. Un deuxième sourire s’était dessiné sur les lèvres de la blondinette, cette fois-ci d’un air taquin. Elle se leva du lit pour aller choisir une bouteille dans l’armoire qu’il avait mentionnée plus tôt. Le choix était varié, mais il ne lui fallut pas longtemps pour opter sur une bouteille de vodka qui lui faisait de l'œil. Comme si elle voulait nourrir le stéréotype et faire plaisir à ses ancêtres qu’elle n’a jamais connus.
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@ Aliosha Kotov

Aliosha Kotov
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Jeu 24 Aoû 2023 - 0:28


LA CLEF DES CHAMPS
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2 • FT AYA TSUME

Une bouteille de vodka qui s’échappe du placard. De la weed sur une literie disloquée, et de la fumée qui s’étirent, et qui s’étiolent. Tout ceci ressemble enfin à mon cataclysme quotidien. Je m’penche un peu et mon corps se tend pour mettre la main sur cette herbe nouvelle. Je la porte à la lumière et ses couleurs s’impriment dans mes rétines. Elles s’entremêlent un peu au rouge framboise résidant dans la voix d’Aya, et aux sombres résidus propulsés par sa robe de soirée. Tableau en mouvement perpétuel sous mes paupières, dans des recoins d’ma boîte crânienne. Je détaille le vert et ses nuances dans un peu de plastique. Je l’entrouvre pour que mes narines se laisse empreindre par son parfum, un parfum qui remonte le long du canal naso-lacrymal et me cogne le coin des yeux, crochet au chanvre, sel et THC. Je hoche la tête, en me disant qu’il y a désormais dans cette chambre de quoi fracturer les fenêtres de la réalité, les béliers suffisant pour enfoncer les portes de la perception. Ce qu’il faut pour laisser le surréalisme nous absorber, et serrer la main de Magritte avant d’marcher pieds nus sur les éclats de verre. Je laisse l’herbe retombée sur le matelas. Une nouvelle variété, qu’elle disait, et ses mots, ils semblaient pas me laisser tellement l’choix. Son sourire non plus d’ailleurs. Je referme mon ordinateur portable, et j’tire à nouveau sur ma clope. Soit, brûlons un peu tout ça ensemble. Avec des dizaines de centilitres d’une vodka claire comme carburant. Puisque la sobriété n’est souvent qu’un délire qui s’ignore, dont ses doigts débouchent lentement le remède.

« C’est une vodka fabriquée en Sibérie, avec l’eau des montagnes de l’Altaï, c’est russe à mort, typiquement russe. Enfin, cette bouteille. Depuis la guerre, beaucoup sont fabriquées ailleurs, en Europe. »

J’attrape deux petits verres, et quelques paquets de Pocky, dont certains sont déjà entamés. Des enrobages différents, sur les mêmes biscuits fins. Et je pose ça sur une table de chevet, entre nous deux, à côté d’un de mes livres de cours aux multiples pages cornées, et d’une lampe qui brûle depuis la nuit tombée. Un couteau, et une pomme que je découpe en quartier dans le seul et unique bol que je possède. Puisque le superficiel n’est rien d’autre que lui-même, mais que la bouffe est essentielle quand la vodka s’apprête à couler. A moins que l’on préfère tomber, à moins que l’on préfère s’évanouir, et s’encastrer dans l’premier arbre, sur le bord de la route. Ma mâchoire se serre, une fraction de seconde, alors que j’écrase le mégot d’ma clope avec le reste de mes pensées, dans l’cendrier, parmi d’autres mégots. Et je l’écrase à nouveau, ce spectre de cigarette. Est-ce qu’elle les remarque, ces miettes d’instants, ces fragments de flottements ? J’inspire, et je me retourne en lui tendant le bol plein de morceaux de pomme, avant de l’déposer avec les biscuits, et ces deux verres qu’elle a déjà rempli de vodka. J’en attrape un, et je le lève légèrement, je le lève nonchalamment, mon regard venant prendre un peu celui d’Aya.

« A toi, et à ta première infiltration dans l’dortoir, до конца1 ! »

Je descends mon verre d’un trait, comme si j’essayais de noyer des restants de mémoire et de cafards à l’intérieur de mon propre corps. J’attrape la bouteille, remplissant à nouveau les deux verres puisque la sagesse populaire de chez moi recommande de ne jamais faire de longue pause entre la première et la deuxième vodka. Et c’est à croire que j’ai bien appris mes leçons en fin d’compte. Je bois comme un russe dans une ville nipponne, et j’mélange le japonais et le russe dans la même phrase, dans l’même chaudron, saupoudrant tout ça de cet accent slave comme si c’était une épice poussant dans l’permafrost. Je suis celui qui porte un haori avec un survêtement digne des meilleurs gopniks de mon immeuble d’enfance. Je suis celui qui lève et achève son deuxième verre, avant d’attraper et d’croquer dans un Pocky au thé vert. La vodka, elle descend et glisse le long de mon œsophage, et elle ne laisse rien d’autre que des arômes de céréales et une légère note acidulée. Un sourire sur ma tronche de slave, et sur celles de nos aïeuls.

« Hm, ça m’fait penser, il faudrait que je squatte ta cuisine un jour, si ça te dérange pas. C’est que j’pourrais préparer des bouteilles de vodka à la weed. Une pour toi, évidemment, une pour moi et des petites bouteilles aussi. Je crois que ça peut bien se revendre ici. D’ailleurs, je te dois combien pour ta nouvelle variété ? »

Je finis d’avaler un morceau de biscuit en mettant la main sur mon portefeuille. Je compte ce qu’il y a là-dedans, rapidement, en omettant volontairement les quelques centaines de roubles qui restent à dormir dans l’cuir depuis quelques temps maintenant. Puis je m’demande combien je pourrais bien tirer de quelques centilitres d’une vodka mutante aux substances psychoactives dans cette université, et c’est certainement plus rentable que parcourir la ville en vélo toute la soirée afin d’livrer des commandes de fast-food à des gens qui ont la flemme de s’déplacer. Ouais, j’en fouterais ma main au feu, et autant de tableaux dans les flammes. Je relève la tête vers elle, et je sais que l’alliage du meilleur de nos mondes doit valoir le coup.

1 - "Cul-sec", littéralement "jusqu'au fond"
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@ Aya Tsume

Aya Tsume
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Ven 25 Aoû 2023 - 23:19
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Aussitôt les paquets de Pocky sur la table de chevet, Aya s’empressa d’attraper un bâtonnet rose. Depuis petite, elle avait pris l’habitude de manger l’enrobage en premier, puis le biscuit. Une habitude qui ne l’a jamais quittée. Posée de nouveau sur le lit de son camarade, elle grignota la fraise – ou du moins ce qui ressemblait à de la fraise en un peu plus chimique – autour du bâtonnet pour terminer par le biscuit. La dernière bouchée avalée, la demoiselle termina sa cigarette qu’elle s’était précipitée de finir, comme si elle avait une course à gagner. Quand l’alcool était présent dans son corps, l’envie de fumer était si intense qu'il lui arrivait très souvent d’enchaîner les clopes et les joints jusqu’à s’irriter la gorge. La raison pour laquelle chaque matin, elle doit impérativement boire une boisson chaude avant de fumer sur quoi que ce soit, au risque de se taper une quinte de toux. Pour se dissuader de se rallumer de quoi se brûler encore plus les poumons, Aya remplit les deux verres de la vodka dont elle avait déjà oublié l’origine. Elle n’avait jamais été très douée en géographie et ne connaissait pas beaucoup de choses sur l’Europe. Comme si fuir ses origines lui semblait plus simple. L'odeur du breuvage était inodore et sa couleur était si transparente que l’eau lui paraissait plus trouble. La blondinette attrapa un petit morceau de pomme qu’elle mangea en deux crocs avant de prendre le deuxième verre et de le lever vers le plafond. Quand leurs regards se perdirent l’un dans l’autre, la demoiselle rougit légèrement. Et à ton travail, kanpai ! Elle s’empressa de vider son verre pour dissimuler le plus possible ses émotions et une fois fini l’expression d’Aya changea du tout au tout pour une grimace, puis un léger frisson parcourut le haut de son corps, signe que la vodka était bien forte.

Elle cligna un instant les yeux qu’Aliosha était déjà en train de lui remplir de nouveau son verre. Un geste apprécié par la demoiselle qui avait bien envie de continuer à noyer son esprit dans l’alcool. Son regard s’était perdu sur son ami, essayant d’analyser tous les tatouages qu’elle pouvait apercevoir. Elle le trouvait beau, comme tous les garçons un peu “bad boy” qu’elle pouvait croiser. Un style qui déplaisait à beaucoup de Japonais, bien trop ancré dans leurs normalités et dans leurs traditions. Un style qui a toujours charmé Aya. Ça faisait quelque temps qu’ils s’étaient rencontrés et plus elle le voyait, plus le jeune homme lui paraissait intéressant à découvrir. A l’époque, quand elle avait appris qu’ils avaient les mêmes origines elle s’était enfin sentie moins seule, elle qui a grandi toute sa vie en étant différente des autres qui l'entouraient.

L’alcool dans son corps ne l’aidait pas à réfléchir correctement, ses joues rougirent de plus belles tandis que la sensation de papillons vint lui chatouiller l’estomac. La blondinette attrapa son verre pour le vider une nouvelle fois et sortit le joint qu’elle avait pris le temps de rouler plus tôt dans la journée pour le déposer entre ses lèvres. Elle saisit un briquet et l’alluma en tirant longuement dessus, bien pressée de goûter cette nouvelle variété. De gourmands effluves sucrés de fruits rouges, accompagnées de délicates notes de myrtilles vinrent se déposer sur son palais pour finir sur une note légèrement poivrée. Une weed assez forte en goût et dans ces effets, tout ce qu’Aya appréciait le plus. Squatter ma cuisine ? C'est un date ?  Elle eut un petit rire nerveux et tira une nouvelle fois sur le joint. Effectivement je pense que ça pourrait très bien se vendre ici. Un peu partout en soit, je ne pense pas que ce soit très commun dans le coin. Très honnêtement, la demoiselle était ravie d’imaginer Aliosha dans sa cuisine en train de cuisiner de quoi revendre par la suite. En y réfléchissant, elle n’avait pas eu la chance de pouvoir inviter beaucoup de personnes dans son petit appartement. Son frère Hiro faisait partie de ceux qui y sont passés plus d’une fois, quelques-uns des amis les plus proches d’Hiro sont sûrement passés une fois ou deux quand il était là aussi, mais c’est tout. Ce n’était pas forcément un souci pour elle qui n’avait tout simplement pas beaucoup d’amis et qui aimait la solitude de sa petite bulle. La blondinette inhala une dernière sur le joint avant de le passer à son ami pour lui faire comprendre que compter son argent ne servait à rien.

Tu me dois rien du tout. On va dire que c’est cadeau. Déjà, parce que c’est une nouvelle variété et que je voulais m’assurer que ça te plaise avant de te faire payer.  Elle se laissa tomber en arrière, le haut du corps couché sur le lit et les jambes dans le vide. Son regard s’était perdu sur le plafond et ses cheveux lui cachaient une partie du visage. Et très honnêtement je peux me permettre de te l’offrir, j’ai pas mal bossé ces derniers jours, pour le moment je ne manque de rien.

C’était vrai, Aya n’avait pas vraiment besoin de vendre pour survivre en plus de son travail au Kybakura, mais ça lui permettait de payer la drogue et l’alcool qu’elle voulait consommer avec l’argent sale. Puis psychologiquement elle avait l’impression de ne pas dépenser son salaire pour ses vices et ça la rassurait d’une certaine manière. Ses démons pouvaient être parfois difficiles à gérer et elle pouvait sombrer rapidement, ne sachant pas vraiment se mettre de limites. Mais pour la demoiselle, fermer les yeux était le plus souvent la solution de facilité. Un soupir sortit de sa bouche, puis elle se releva pour s’asseoir correctement et jeta un léger coup d’oeil sur la bouteille. Est-ce que j’abuse si on se prend un troisième verre ? J’ai envie de me déchirer la gueule ce soir.
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Aliosha Kotov
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Jeu 31 Aoû 2023 - 0:48


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2 • FT AYA TSUME

Silencieusement, je regarde le joint qu’elle glisse entre ses lèvres. Je regarde le briquet qu’elle tient entre ses doigts, et la flamme qui jaillis du sommet d’son crâne métallique, et qui danse, comme un soldat des enfers à l’heure où les bars ferment leurs portes, afin de compter le fond de caisse et les recettes de cette nouvelle soirée. Je regarde toutes l’épaisseur de cette fumée, faîte de nacre et de gris, que ses deux poumons recrachent, et qui se tire et qui s’étire comme autant d’nuages à la verticale. Je regarde, ses lèvres et ses doigts et ses poumons, qui s’estompent un peu derrière tout ça, portrait vaporeux. A la manière d’un De Vinci défoncé à l’absinthe, d’un Vermeer sous vodka, un sfumato dans un studio miteux baignant dans le framboise de sa voix. Je détourne les yeux, pour ne plus rien regarder en particulier. Seulement un mur, et pas grand-chose de plus. Seulement un mur et quelques vestes suspendues à des cintres. Un miroir, ovale, tout juste assez grand pour mon visage, et un peu pour mon cou. Et une photographie d’un groupe d’adolescents au pied d’un gigantesque bloc de béton vieux de l’époque soviétique, avec des tronches ravagées et les pompes plantées dans des dizaines de centimètres de neige. Des arômes parviennent à s’infiltrer dans mes narines, et se faufilent jusqu’à mes synapses. Un sourire. « Et si s’en est un, de date, que je lui réponds, je dois t’amener des fleurs ? ».  Ma main, elle vient s’emparer d’un morceau de pomme qui n’attendait rien d’autre que mes dents, et dont le seul destin n’était que ça. « Je connais la réputation que nous avons, les russes, que j’ajoute. Mais je fais mieux que préparer de la weed dans une cuisine pour un premier date, tu sais ? ». Et c’est encore une question qui n’en était pas vraiment une, puisqu’elle ne pouvait rien en savoir, de tout ça. Elle pouvait tout juste l’espérer, au mieux.  

C’est le joint sur lequel elle tirait quelques secondes plus tôt que ma main vient désormais chercher. Et nos doigts, possible qu’ils s’entrechoquent un peu, et qu’ils glissent les uns sur les autres, l’espace d’une fraction de seconde. Je fume comme si j’étais en manque. Je fume comme si mes poumons pouvaient encore s’gonfler à l’infini, comme une saleté de grenouille ne voulant que grossir. Je fume comme si j’essayais d’effacer des choses. Je fume comme si j’voulais inconsciemment tuer quelque chose, je tire là-dessus comme d’autres le font à la kalash’. Explosion, fruits rouges. Je ferme les yeux, un instant. Des arômes sucrés sur le bout de ma langue, et d’nouvelles volutes de fumée. Je m’lève pour ouvrir une fenêtre, histoire que l’air circule et que cette piaule ne devienne pas un autre aquarium. Une brise balaye un peu ce brouillard blanchâtre qui commençait à s’installer entre nous deux, et elle balaye un peu le bouillon de pétrole de mes cheveux aussi. Les bruits de la ville, ils pénètrent un peu mieux entre ces murs désormais. Ils ajoutent autant de teintes différentes au sein de cette fresque, ragoût pictural ressemblant à du Pollock sous ecstasy. C’est comme si la weed suffisait déjà à donner un éclat supplémentaire aux pigments. Et j’en reviens à elle justement, j’en reviens à ce joint qui se glisse entre mes lèvres, et j’entends sa voix, celle d’Aya, me demandant si on peut se prendre un troisième verre. « Au contraire, vas-y et remplis mon verre aussi, que je lui dis en hochant légèrement la tête. De toute façon, il faut pas de grande pause entre le deuxième verre et le troisième verre. C’est après le troisième, tu peux faire comme tu veux… ». Et j’entends déjà la vodka, son ruissellement céruléen en centilitres, et le destin qui cogne quelque part dans l’monde. Je sais ce qui m’attends ce soir. J’entrevois tout ça au travers de la brume, ce coma qui s’est planqué dans les deux feuilles qu’elle a collées en L, ce coma qui s’est planqué dans le fond de cette bouteille importée. Ouais, je sais ce qui m’attends ce soir, après des heures cloué sur cette foutue chaise, et c’est bien ce coma-là. Et je n’fouterais pas un seul genou à terre avant d’avoir ne serait-ce que tenté de le contrarier.

C’est toute ma tête qui ondule, et mes épaules, légèrement. J’ouvre à nouveau l’ordinateur portable, et je lance rapidement une playlist aléatoire de quelques sons que j’ai amené jusqu’ici avec moi. La musique, elle couvre les pas lourds du type qui danse au-dessus de nous. Et elle ajoute encore au chaos coloré qui squatte dans un recoin d’mon crâne, et qu’importe. Je tends le bras vers Aya à nouveau, et mes doigts s’étendent aussi pour lui passer à nouveau le joint que nous partageons. « Elle est cool, ta nouvelle weed, merci beaucoup… » Ouais, elle est cool, ta nouvelle weed, et elle m’arrache un sourire plus large et plus long qu’ils ont l’habitude de l’être, et je ne le remarque même pas. J’attrape ce troisième verre qui chuchote mon prénom, et il est comme une balle que l’on a passé l’après-midi à graver. Je le lève, et je tire et la vodka disparaît. Alors je le repose sur cette table de chevet et mon esprit en revient à ces bouteilles de vodka mutante, et à cette certitude de pouvoir l’écouler facilement, que ce soit à l’université ou encore dans les rues de cette ville, et voilà qu’il passe déjà à autre chose. Mes mains agrippent les bords de mon bureau. Je tourne le dos à cet écran, à ses lumières bleues et aux décibels. Je regarde mes pieds, quelques secondes, avant de relever le visage vers Aya, et de lâcher quelque chose comme : « Je suis partant pour me déchirer la gueule ce soir, moi aussi. ». Et prendre la clef des champs, hein ? Je sens un nouvel éclat dans mes yeux. Une malice, peut-être. Une gourmandise, sûrement. De toute manière, j’ai du jus de citron qui traîne quelque part. Puis un peu de sucre et de l’aspirine pour la matinée de demain. Et je me dis que ça va l’faire, et combien même ça ne le fait pas, tant pis. La gueule de bois, c’est parfois la rançon même de la vie.

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@ Aya Tsume

Aya Tsume
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Sam 16 Sep 2023 - 17:18
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Quand Aliosha prononça sa phrase, la température corporelle d’Aya se réchauffa encore plus, comme si la vodka ne lui faisait pas déjà assez d’effets. Ses yeux étaient rivés sur le morceau de pomme qu’il dirigeait vers sa bouche. À cet instant, elle aussi aurait voulu goûter la saveur de ses lèvres. Sûrement un mélange entre la pomme et la vodka. Et quand leurs doigts se frôlèrent, un frisson lui parcourut tout le corps jusqu’aux extrémités. Elle essayait tant bien que mal de gérer sa défonce alors que dans sa tête, elle s’imaginait déjà dans son lit. Son envie de sentir son corps contre elle devenait de plus en plus intense et la demoiselle poussa un léger soupir pour essayer de retrouver la raison, ou du moins ce qui lui restait. Alors comme ça, Monsieur est un gentleman ? Hâte de voir ce dont tu es capable. Sa phrase sonnait taquine, un petit sourire s’était dessiné sur sa bouche et elle le fixait du regard avec ses petits yeux de biche. Elle savait qu’elle était le genre de nana à s’attacher un peu trop vite, ce qui l’a rendu généralement froide avec les gens pour se protéger, mais avec lui, c’était différent. Et ça, elle le pensait même quand elle était sobre. Dans tous les cas, elle appréciait ce petit jeu de séduction et était curieuse de voir où tout cela pouvait bien les emmener.

Aya attrapa la bouteille de vodka pour resservir les deux verres, son esprit s’était de nouveau perdu et elle s’imaginait tous les deux en train de cuisiner leur nouveau breuvage chez elle, puis elle se rappela de son frère. Hiro, c’était un gars gentil, mais peut-être un peu trop protecteur. Il n'aimait pas trop voir sa petite sœur fréquenter des mecs eux aussi peu fréquentables. Et ça lui arrivait de passer chez elle pour s’assurer que la blondinette allait bien. C’est vrai que parfois elle avait le sentiment qu’il la surprotégeait un peu trop, mais d’un autre côté elle savait très bien que si elle pouvait se balader en toute sécurité dans le quartier Est et dormir sous un toit bien au chaud, c’était principalement grâce à lui. Aya l’avait toujours un peu laissé dicter ses relations, car elle était persuadée qu’il savait le mieux ce qui était bon pour elle, mais pour Aliosha elle n’a vraiment pas envie qu’il vienne trop s’y impliquer. Faudra juste faire gaffe à mon frère. Il n'est pas méchant, mais il est un peu… Surprotecteur, il n'aime pas trop qu’on s’approche de moi. À moins que ce soit pour de la thune. Elle ria légèrement, mais on comprit très bien que c’était un rire jaune. Ça faisait un moment qu’elle s’était rendu compte que si son grand-frère était comme ça, c’était parce qu’il pouvait se faire de l’argent sur l’image de la demoiselle. De par ses origines, les clients japonais raffolaient  jeter des thunes dont ils ne savaient plus quoi en faire pour perdre un peu de temps à discuter de choses banales avec elle et pendant qu’ils étaient heureux de passer un moment en dehors de leur solitude, elle perdait petit à petit espoir en l’humanité.

Quand la musique retentit dans la pièce, Aya eut un petit sursaut, elle s’était tellement perdue dans ses pensées qu’elle ne l’avait pas vu se digérer vers son ordi pour dissimuler le plus possible le voisin du dessus un peu bruyant. Elle reprit le joint et s’empressa de fumer directement dessus, l’alcool rendait l’envie de fumer encore plus forte, puis elle attrapa son verre qu’elle vida aussi rapidement qu’elle l’avait rempli et se laissa tomber vers l’arrière une nouvelle fois, pour fixer le plafond qui lui tournait légèrement dans le sens des aiguilles d’une montre. La blondinette ferma les yeux et prit une longue inspiration pour pouvoir calmer la montée de sa défonce et ne pas terminer dans les toilettes à vomir tout ce qu’elle avait ingéré. Lui aussi, disait qu’il voulait se déchirer la gueule et elle savait très bien qu’elle ne tiendrait sûrement pas aussi bien que lui, mais c’était le jeu. Elle s’était trouvé l’excuse que boire plus lui permettait de mieux connaître ses limites, pour ne pas assumer qu’au fond elle aimait juste bien s’autodétruire de temps en temps. Être dans un état second lui permettait de se sentir mieux avec elle-même et à ce que la vie soit moins dure à surmonter. Sa main se dirigea vers sa bouche et elle tira longuement sur le joint en se concentrant sur le son de la musique dont elle ne comprenait aucun mot. Ça sonne bien qu’elle se disait pendant qu’elle continuait à regarder le plafond. Aya ne s’était jamais soucié de sa famille en Europe et n’avait donc jamais appris à parler le russe. Peut-être que si Aliosha était entré dans sa vie, c’était un signe pour qu'elle s’y intéresse un peu plus ? Elle avait du mal à filtrer toutes les informations dans son cerveau.

Toujours affalée sur le lit, elle lui retendit le joint avant qu’elle ne fumât tout sans s’en rendre compte, en même temps qu’elle ravala le peu de salive qu’il lui restait dans la bouche. Je n’ai jamais voulu m’impliquer dans mes histoires de famille, du coup, je n’ai aucun contact avec eux et je ne parle absolument pas russe, tu voudrais bien m'apprendre ? Aussitôt la phrase sortie, elle se sentait un peu gênée de lui avoir demandé ça. C’est bizarre comme question, non ? Comment il allait interpréter tout ça ? Trop de questions résonnaient dans sa tête et son seul moyen de sortir de cette gêne était de se lever du lit et d’aller chercher un peu d’eau dans une bouteille qui traînait dans la glacière. La demoiselle but une grosse gorgée d’eau, un peu maladroitement, ce qui laissa quelques gouttes se glisser le long du menton et de son décolleté puis elle tendit la bouteille à Aliosha, un sourire bienveillant jusqu'aux oreilles.
Tient, faut pas oublier de s'hydrater aussi.
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