_. not a crime if nobody know [ft. Katsuki]
@ Yumi Shinogaï
Date d'inscription : 22/07/2023
Localisation : #yume.sh
_. « All I know, is what I see »
Le bruit des vagues. Elles s’enlacent, roulent les unes sur les autres et finissent par s’échouer contre les digues. La mer semble si paisible, si terrifiante à cette heure de la journée. Une nuit paisible où vent et marais chantent à l’unisson. La brise traverse les tissus sur mon corps, la houle embrasse mon ouïe. Une impression d’être mise à nu. Une impression que je pourrais rester là des heures, paupières closes, à contempler. Ma vie en rétrospective n’a rien de fameux, rien d’élogieux. Un bout de femme ayant vécu des drames, acceptant la fatalité comme étant une fin possible. C’est las que je reviens à moi-même, une paupière après l’autre, observant les docks et les voiliers. Je ne peux pas encore me permettre de me relâcher, travail de dernière minute oblige. Habilement, glisse une cigarette entre mes lèvres puis jette un œil à ma montre. Minuit passé, pas âme qui vive, un port fantôme. Reiji, père, m’a ordonné de rencontrer un acheteur de dernière minute. Un de ses proches amis, m’a-t-il confié, un ami qui lui aurait acheté une arme sans matricule, une arme du marché noir. Ce n’est pas anormal, plusieurs de ses connaissances, “proches”, ont tendance à passer par lui, directement. Évitant ainsi le regard déplacé de certaines de personnes, les rumeurs et peut-être une dénonciation. Qui sait. De nos jours, les langues se délient rapidement quand l’argent achète la tranquillité.
- Mademoiselle.
On m’interpelle. Au grésillement d’un lampadaire, à quelques mètres. Un homme plutôt costaud, tout vêtu de noir tend le bras. En voilà un pressé, mais de la bonne manière. J’approche pour lui remettre la mallette. Une révérence, neutre, nous ne nous connaissons pas et nous ne nous reverrons sûrement jamais. Une vente dont l’argent a déjà été donné, un simple travail en somme. De petites à main à gros calibre. Des maillons essentiels dans le commerce. Un soupir lorsque ce dernier se retourne et s’élance le long de la côte. Puis moi, je reste planté là. La clope menaçant de cramer ma bouche. Les paupières qui s’alourdissent de nouveau et le bruit des vagues. Ce que j’aime le silence. En un sens, je l’envie. Observateur omniscient, sans visage, sans titre, sans rien. Une condition qui me rend jalouse lorsque je sais que ce que je vois, est ce que je sais. Un soupir, la cigarette tombe au sol. Je la regarde rouler au gré du vent sur le bitume longeant la digue. Sans trop chercher à la rattraper, manquant ainsi une énième fois de respect à la nature. Exhale avant de m’étirer de tout mon dos, un os craque puis un autre. Une main qui vient retirer la capuche du hoodie qui m’apprêtait et d’un pas, je commence à quitter le rideau lumineux et défaillant du lampadaire. Un dernier coup d’œil aux alentours, cherchant témoin, cherchant problème.
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